Mon premier cheval, enfin!
Lison monte à cheval depuis plusieurs années, à déjà loué des chevaux en demi-pension et estime avoir une bonne expérience des chevaux. Elle est souvent sur les terrains de concours, parle beaucoup aux entraîneurs et aux cavaliers connus, pose beaucoup de questions. Elle monte quelques fois par semaine, avec des interruptions lorsqu’elle n’a pas de monture. Elle décide d’acheter son premier cheval et se sent capable de trouver elle-même le bon candidat. Après tout, elle connaît du monde dans le milieu équestre qui peuvent aussi lui recommander de bons prospects. Elle n’a pas un gros budget, mais veut tout de même un cheval de race. Elle cherche donc plusieurs mois la ‘trouvaille’ et finit par tomber en amour avec une belle jument de race, 4 ans, qui fait plus de 17 mains et pèse environ 1800 livres. La jument paraît bien soignée, est débourrée et a été gardée au champ avec d’autres chevaux. Elle est très affectueuse et Lison l’aime tout de suite.
Une fois à l’écurie, elle s’aperçoit rapidement que Nuage est très énergique, mais surtout très émotive, et très anxieuse. Elle supporte mal d’être séparée des autres chevaux ou des humains. Elle panique facilement, et dès la première semaine, se blesse en ruant. Sous la selle, elle fait des écarts pour tout et pour rien. Lison fait plusieurs chutes, se blesse quelques fois. En laisse, Nuage ne peut pas être menée dehors car elle se cabre et s’emballe, et vu sa taille imposante, arrache vite la longe des mains de sa propriétaire. Elle blesse un employé qui tente de l’emmener au pâturage. Lison étant elle-même une personne émotive et impulsive, elle recule beaucoup devant les emballements de Nuage, s’énerve, ce qui ne fait qu’empirer les choses.
Très vite, les propriétaires de l’écurie refusent de mettre Nuage en liberté à l’extérieur parce-qu’elle s’énerve trop et ne peut à aucun moment être laissée sans surveillance. Nuage ne sort donc de son boxe que lorsque Lison est là, et uniquement pour aller dans le manège intérieur, car Lison renonce pour le moment à l’emmener à l’extérieur.
Quelques mois plus tard, Lison rencontre une personne qui est un adepte de diverses techniques naturelles d’entraînement des chevaux et qui accepte de travailler au sol avec Nuage. C’est une chance pour elle et pour Nuage. Roger, qui ne se laisse pas intimider par la taille de Nuage et qui utilise des techniques de désensibilisation et de manipulation à distance, réussit à garder Nuage relativement calme et à l’habituer à être menée dehors, à voir différents objets, à passer les portes, etc. La jument fait des progrès au sol et devient plus calme à l’extérieur, mais ça ne suffit pas à mettre le personnel de l’écurie en confiance. Lison décide donc de lui trouver une autre écurie où, espère-t-elle, les propriétaires trouveront le temps et les moyens de la faire sortir plus souvent, pour qu’elle s’y habitue et qu’elle se détende.
Que s’est-il passé? Lison avait en effet une certaine expérience des chevaux, et n’est pas une mauvaise cavalière mais elle a surestimé ses capacités émotives face à un jeune cheval qui très impulsif qui manque d’éducation. Nuage est aussi un cheval à caractère dominant, ce qui n’arrange pas les choses. De plus, Lison a fait l’erreur que beaucoup font, celui de choisir un cheval beaucoup trop grand pour elle, ce qui lui pose des limites physiques et ce qui compromet sa sécurité lorsque Nuage prend peur. Nuage est une jument intelligente et travaillante, mais qui a besoin d’être mise en confiance et d’être exposée à différentes situations, par quelqu’un qui sait réagir au bon moment, qui ne perd pas le contrôle des émotions et qui peut tenir ses positions. D’ailleurs, Nuage est toujours très nerveuse en présence de Lison, mais plus calme et plus attentive avec Roger qui est d’un naturel plus posé. C’est l’exemple du couple trop semblable, l’humain et le cheval tous deux trop nerveux et trop émotifs, il y a trop d’électricité qui passe et ça fait des étincelles!
Le temps, la patience et beaucoup d’exercices peuvent arriver à rétablir l’équilibre dans cette relation, mais il est certain que Lison s’est imposé un défi considérable en choisissant ce type de cheval.