Papa, achète-moi un cheval!
Françoise a 15 ans et prend des leçons d’équitation une fois par semaine depuis 3 ans dans une école reconnue. Elle adore aller sur les terrains de concours l’été pour voir les compétiteurs et surveiller les classes de saut d’obstacles. Elle rêve d’avoir un jour son propre cheval et de ramener à la maison de nombreux rubans. Le papa de Françoise est fortuné et adore sa fille, ils décident donc de lui acheter son premier cheval. N’y connaissant rien, il s’adresse à l’entraîneur de sa fille pour qu’elle l’aide à lui trouver une monture appropriée.
L’entraîneur leur présente plusieurs candidats, et Françoise fait plusieurs visites durant laquelle elle a l’occasion d’essayer une dizaine de chevaux avec son entraîneur. Le papa n’y assiste pas, il doit travailler et n’y connaît de toute façon strictement rien. Après tout, c’est Françoise qui va le monter et s’en occuper, c’est à son goût. Finalement, Françoise tombe en amour avec un beau hongre issu d’un élevage prestigieux et convainc son père de le lui procurer malgré le prix élevé. Ce cheval possède le pedigree pour gagner, et il est magnifique, imposant et très bon sauteur (d’après le vidéo et la démonstration vu à la ferme de l’éleveur). L’entraîneur de Françoise pense qu’il a beaucoup de potentiel.
Trois mois passent et la relation se détériore rapidement. Françoise ne veut plus monter son cheval. Le grand cheval, malgré sa race et sa beauté, est trop difficile pour elle et elle s’est blessée à plusieurs reprises en le montant. Il se cabre, part en trombe et comme il est très puissant, elle n’arrive pas à le maîtriser. Son manque d’expérience ne lui permet pas de travailler en sécurité avec un animal si fort et si dominant, habitué à des cavaliers beaucoup plus expérimentés. Le cheval a été mis en vente et Françoise recommence à magasiner une monture plus convenable avec son entraîneur.
Pendant 2 ans, Françoise aura acheté et revendu 5 chevaux. Aucun ne lui convient. Quand elle se présente aux concours, elle essuie refus et chutes et ne ramène pas les prix tant espérés. Pourtant, elle bénéficie de l’enseignement d’un bon entraîneur et a acheté des chevaux de qualité qui ont coûté très cher et qui sont gardés dans les meilleures conditions.
Que s’est-il passé? Tout d’abord, Françoise n’a pas su se fixer des objectifs réalistes, congruents avec son expérience et son habileté équestre. Déterminée à faire des concours, elle n’a pas réalisé qu’il lui fallait avant tout un cheval qui l’aiderait à vivre une expérience positive et qui lui donnerait confiance. Elle a surestimé ses propres capacités et sous-estimé l’importance de privilégier d’abord la relation avec son cheval. Ensuite, elle choisissait toujours des montures de très belle apparence qui ont bien réussi sous la selle d’un professionnel. Mais étant encore jeune et très impulsive, elle n’avait pas la maturité et le tempérament pour monter ce type de chevaux et se décourageait donc rapidement. L’entraîneur, dont une grande partie du salaire dépendait de l’argent que dépensait la famille de Françoise pour son loisir, n’était pas en position facile pour remettre la pendule à l’heure et peut-être conseiller à Françoise d’aller d’abord s’acheter un cheval calme et plus expérimenté, un bon professeur, qui aurait surtout pu l’aider à développer sa confiance, son assiette et son savoir-faire, quitte à ne pas ‘tout gagner’ la première année!
Aujourd’hui, Françoise a abandonné le sport équestre, déçue et traumatisée par son expérience.